leur poursuivant, derrière son volant, les guettait.
– François, votre futur meurtrier n'est pas loin, murmura
Maurice en l'aidant à sortir.
– Très bien, Maurice, tu fais comme si tu ne l'avais pas
vu. On se dit adieu et tu retournes dans la voiture, je ne
voudrais pas qu'il puisse s'en prendre à toi, tu es encore un
jeune sexagénaire.
La gorge serrée, les yeux humides, Maurice s'installa lente-
ment derrière son volant et mit sa ceinture de sécurité. Il était
là, prostré, attendant d'avoir le courage de partir. Un bruit de
course le tira de sa torpeur ; il leva les yeux et assista, alors, à
un spectacle surprenant : un jeune homme courait derrière
François, il tenait un grand couteau dans sa main droite. Il
s'approchait de plus en plus de François en brandissant son
arme. Une petite dame, qui avait des difficultés à ouvrir son
coffre de voiture, lâcha son chariot débordant de bagages pour
se faciliter la tâche. Le terrain était en légère déclivité, ce qui
fit que le chariot, libéré, roula dans le sens de la descente.
Maurice vit le chariot rouler de plus en plus vite, tandis que
l'homme armé courait, lui aussi, de plus en plus vite. Il ne
comprit pas qui avait renversé quoi ou quoi avait renversé qui,
mais le résultat était là : le chariot était couché sur le sol, les
valises étalées par terre et un humain affalé au milieu de ce
fatras. En entendant courir derrière lui, François fut au comble
de la joie « Quelqu'un va bientôt, et enfin, m'ôter la vie pensa-t-
il. J'ai aussi une réponse : un vendredi treize est un mauvais
jour. Et bien non, c'est le contraire, puisque mon intention de
mourir va être satisfaite. Mais je n'ai plus le temps de
philosopher sur ce problème. Par contre, il tarde bien le bougre.
Tiens qu'est ce que c'est que ce bruit ? Ah, l'abruti, hurla-t-il,
après s'être retourné et avoir vu le résultat de la collision ».
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